« … Le Maghreb a subi de deux façons l’impact
de la Révolution française : d’abord d’une façon
immédiate, instantanée au moment des événements
révolutionnaires, des changements sont
intervenus au Maghreb, puis il y a eu un impact
différé : les idées, les principes d’organisation
révolutionnaire ne vont toucher le Maghreb que
plus tard. Les grandes idées de la Révolution
française ont été reprises par les hommes de la
Nahdha, de la réforme dans les pays arabomusulmans
et dans ce cadre, les réformistes ont
été très sensibles à ces principes ; ils ont cherché
à les appliquer ou à les acclimater chez eux,
d’ailleurs avec peu de succès. Les droits du
citoyen, le libéralisme politique, la limitation de
l’absolutisme monarchique par des constitutions,
etc., ce sont pratiquement des leitmotiv dans
l’oeuvre de Kheireddine, d’Ibn Abi Dhiaf, de
Baïram V, de Tahtaoui l’Égyptien… Tous ont été
de grands admirateurs des idées issues de la
Révolution française. Seulement, ils ont échoué
au XIXe siècle, à cause de l’ambiance
d’impérialisme déchaîné mais aussi à cause de
celle du conservatisme crispé par réaction à
l’impérialisme européen de l’époque. Donc, les
efforts des réformistes inspirés par la Révolution
française ont échoué au XIXe siècle et n’ont pas
pu enrayer le processus qui a mené à la colonisation directe.